Alice du fromage

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Billets qui ont 'Six Feet Under' comme oeuvre.

jeudi 16 février 2012

Calme

J'ai repris SFU saison 5. Un disque par soir en tricotant. C'est drôle comme des événements qui me semblaient s'être étendus sur plusieurs épisodes n'apparaissent qu'en un seul. Que le souvenir déforme.

dimanche 29 janvier 2012

Dimanche

Fini la deuxième manche, retrouvé mes pelotes de laine.

Une terrine de queue de bœuf, des joues de porc aux lentilles, du bortsch.

Une demi-saison de SFU (la 4e).

Cette année le sapin va "passer" janvier.

lundi 19 juillet 2010

Folie I

J'ai évoqué autrefois ma terreur de finir comme Ruth Fisher, enterrée vivante entre la machine à laver et "les enfants à élever" (syntagme figé). Me revient en mémoire une émission d'Eve Ruggieri (j'entends encore sa voix prononcer les mots), en 1985 ou 1986, dans laquelle elle évoquait une jeune femme qui, venant d'apprendre la mort de son mari, hurlait d'affolement dans les couloirs du château de Versailles: «Pas le couvent! Pas le couvent!»1. Parfois devant les tâches ménagères et les heures de RER je hurle dans les couloirs de ma tête: «Pas le couvent! Pas le couvent!»

(Qu'est-ce que je pense de Mad Men? Qu'est-ce que je pense de Don Draper, un personnage qui enferme sa femme, lui fait suivre une psychothérapie, interroge le psychiatre (ce qui pour moi est l'équivalent d'un viol de l'âme), mais n'est pas capable de lui confier sa vraie identité, ne lui parle pas, la laisse mourir à petit feu? Je n'en pense rien, tout cela m'est étranger, à mille lieues de mes préoccupations. Ce ne sont pas des personnages qui se battent, ce sont des personnages qui survivent. (A la rigueur Roger…) (Parenthèse dans la parenthèse: Et si l'on considère que la représentation dit une certaine vérité, à la fois sur les années 60 et les années 2000, il me semble que le personnage de la femme de Don Draper (son prénom m'échappe: Bett? Elisabeth?) est l'ancêtre (bien que la chronologie de la production soit inverse) des clinquants Desperate Housewives d'une part, Sex and the City d'autre part. De cela je tirerai une conclusion concernant mes goûts: je n'aime pas les téléfilms "vernis", qui montrent un monde où tout est brillant, au sens propre (la décoration, les vêtements, les couleurs) et figuré (la situation sociale, les métiers, l'éducation, etc).))

Pas Ruth Fisher, donc.
Mais en ce moment, c'est une question de Claire qui me trotte dans la tête:
— Maman, pourquoi est-ce que j'attire toujours les dingues ?


Note
1 : Laurent m'apprendra qu'il s'agit de la princesse Palatine.

samedi 26 décembre 2009

L'écart

Deux jours pour regarder la saison 1 de Happy days. Premiers épisodes maladroits tournant autour d'un seul thème, le timide Richie embrassera-t-il telle ou telle fille, toujours la plus jolie, parfois la plus gentille? La pédagogie à l'œuvre est assez simple: laisser les adolescents faire leurs propres expériences, afin qu'ils en tirent les conséquences. Puis les épisodes se font plus "sociaux" (ie problèmes de société), racisme, bombe atomique, blousons noirs, beatnicks, etc, vision 70's des années 50 américaines.

Il n'y a pas tant de différences entre cette série et Six Feet under: une famille "gentille", avec des principes, pas vraiment de méchants, pas vraiment d'adversaires autre que la vie elle-même (devenue la mort dans SFU) et ses vicissitudes: comment vivre, comment apprendre à vivre? En trente ans l'art de la narration a évolué avec la maîtrise technique et le recul de la pruderie, tant sexuelle que sociale, avec cette narration plus détendue mais plus fine et plus acérée dans SFU, Happy days ayant introduit jusque dans la manière de filmer la timidité et la maladresse de Richie.

vendredi 9 octobre 2009

Enfin du pipole

Sur les murs du château de Cerisy, on voit une photo de Mme Heidegger accompagnant son mari.

Mme Heidegger ressemble à Ruth Fisher (même allure, mêmes chaussures, même jupe, même chignon).


dimanche 3 août 2008

Toujours pas grand chose

Je pense à l'époque où je lisais Matoo sans avoir de blog. Il posait de temps en temps le dilemme du blogueur : écrire tous les jours même sans avoir quelque chose à dire ou n'écrire que lorsqu'on a quelque chose à raconter?
(J'adore ce genre de phrase: pur remplissage, écrire qu'on ne sait pas quoi écrire, c'est déjà écrire. J'ai commencé à lire la thèse d'Hermes sur Raymond Roussel, je me dis qu'il faut que je lise Les Mots et les Choses.)
En fait, il y a toujours quelque chose à écrire, quelques notations qui identifient la journée comme différente de la veille ou du lendemain. Simplement, on craint que cela soit mortellement ennuyeux.
La question devient donc: est-ce si important d'ennuyer les lecteurs?
Malgré tout, je crois que la réponse est oui, en tout cas pour moi. Tant pis.

Regardé la saison 1 de Six feet under à partir de l'épisode 6 (évidemment moins de temps pour lire ou bloguer. Mais j'ai repassé). Toujours le même étonnement devant la somme d'événements dans un épisode: à la fin d'un épisode, je me sens à peine capable de résumer ce qu'il est arrivé à chacun des personnages.
Je me rends compte que j'ai été élevée dans un monde de fiction télévisuelle avare, toujours prêt à thésauriser les péripéties pour l'épisode suivant, dans un monde de films où il ne se passe rien, où s'ennuyer est esthétique. Mon dieu, que ça fait du bien d'avoir une histoire débordante d'événements inattendus, où les scénaristes n'hésitent pas à se mettre en danger, où, quelle que soit la gêne née de certaines situations, les dialogues sonnent toujours justes.

Il faudra un jour que
1/ je reprenne chaque épisode en notant exactement ce qui s'y passe (et la mort du début) (mais ce relevé doit exister sur le net, en anglais).
2/ je comprenne ce qui me touche tant dans cette série. Je crois que je m'identifie à chacun des membres de la famille Fisher. Je crois que le principe des hallucinations, des films éveillés, de la projections des fantasmes dans la réalité, m'est très naturel.

J'ai égaré Allen. J'ai commencé La bibliothèque de Villers.

samedi 18 novembre 2006

Anniversaire

Il y a deux ans, j'assistais à l'enterrement de Jacqueline.
C'était une amie d'enfance, lorsque nous avions treize ans, elle était ma coéquipière en double scull. C'est sans doute la personne qui m'a le mieux connue dans tout ce que peut avoir d'effroyable ma hargne et ma mauvaise humeur. Je me souviens de son sourire, de ses phrases, de son égalité d'humeur, d'un extraordinaire coup de soleil après une régate dans le golfe du Morbihan, de ses cigarettes, de ses yeux lointains, de la voix de Jérôme au téléphone "elle m'a quitté", de son fils mal élevé, de son frère incontrôlable, de son amour pour Juan Rulfo et Pedro Paramo, bien avant qu'il ne soit réédité (c'est ainsi que je le connais). Elle était tailleur de pierres.

J'ai appris sa mort un matin, juste avant de partir travailler. Le téléphone a sonné, H. a décroché, parlé, raccroché. Il est venu me voir :
— Jacqueline est morte.
Je l'ai regardé sans comprendre :
— Impossible, je suis en train de lui écrire.

Je me suis souvent demandée ce que j'avais voulu dire. Rien d'autre que "je suis en train de lui écrire", je suppose. J'avais commencé une carte pour son anniversaire, le 17 septembre. Deux mois plus tard elle n'était toujours pas terminée.
Est-ce que je crois réellement que si j'avais envoyé cette carte, cela aurait changé quelque chose? (rupture d'anévrisme, imparable).

J'ai été bouleversée. J'avais l'impression d'avoir perdu mon double, une sorte de preuve ou d'épreuve de moi-même. Je n'avais personne à qui en parler, les personnes les plus proches étant celles qu'il faut le plus protéger de nos accès de désespoir (les moins proches étant indifférentes, il ne reste donc personne (l'un des avantages des blogs, comme de l'auto-stop : pouvoir écrire sans que ce soit ni important, ni indifférent)).

J'ai fait deux choses : j'ai acheté les séries disponibles de Six feet under dont j'avais entendues parler sur les blogs de Matoo et de Ron, et j'ai littéralement tagué le blog de Gvgvsse.

Je savais que H. n'approuverait pas que je regarde Six feet under. Je n'ai jamais su s'il craignait réellement que je devienne folle ou si ce n'était pour lui qu'une façon de parler. Il est vrai que je le crains parfois moi-même, mais je suppose que cela arrive à tout le monde (ou bien non? Comment savoir?) J'ai donc regardé tous les épisodes (deux ou trois séries disponibles, à l'époque) en cachette, quand il n'était pas là. Cela me berçait. La première série surtout s'attache beaucoup à l'accueil des personnes qui viennent de perdre un être cher. Je me suis noyée dans les épisodes, je les ai regardés des nuits entières. Ce téléfilm est magique, à un ou deux personnages près, je m'identifie à tous : comment un scénariste a-t-il réussi cela? Quelle connaissance de l'âme humaine cela demande-t-il? Je reste sidérée par cet exploit.

A Noël (2004), j'ai découvert le blog de Gv. Il (le blog) avait alors deux ans et demi. Pour des raisons inexplicables, tant sa forme que la part donnée à la nostalgie (il n'avait pas encore son métier d'agent secret, je crois, ou c'était juste le début (je ne vais pas vérifier)), au regret, à une certaine tristesse et à la bataille menée pour ne pas y céder, aux objets (le parquet, la salle de bain rose, le parapluie orange, les pattes de moustique, les docksides...), aux flambées d'allégresse, à la façon de parler de la mort, de la quête de l'amour, de la musique, une façon intime, "de l'intérieur", chaude, rassurante, je me suis profondément attachée à ce blog. Il n'y avait pas de "mouchard" (cette liste dans la marge qui dénonce les derniers commentaires), alors j'ai écrit tranquillement et intensivement. J'avais totalement oublié, ou négligé, qu'un blog est aussi un blogueur.
Plus tard j'ai eu honte.
J'ai encore honte.
Heureusement Gv n'a jamais paru trop m'en vouloir.

Et puis la douleur de la perte s'est estompée. Il ne reste que la sensation qu'une porte s'est fermée, que certains souvenirs sont désormais obsolètes, sans raison d'être. Il reste la sensation aiguë de l'irréversible et de l'urgence : faire ce qui nous passe par la tête même si ce n'est pas totalement raisonnable, même si cela "ne se fait pas", tant que c'est beau, bon ou joyeux : après tout quelle importance, nous sommes mortels.

lundi 3 juillet 2006

Sans importance

— Vous prenez cela trop au tragique !
— Vous vous êtes trop investie.
— Je ne pensais pas que vous étiez aussi affectée.

Suite à mon départ du forum de la SLRC, les réactions de quelques lecteurs me surprennent et me font rire. Comment les gens peuvent-ils être aussi illogiques? Ne viendra-t-il à l'idée de personne que si je suis aussi affectée, c'est justement parce que je me suis investie? Et que si je suis en colère contre eux, c'est parce que je comptais sur eux ?

Ecrire sur un forum, écrire sur un blog, ce n'est sans doute pas très important quand par ailleurs on a l'occasion d'écrire sur, ou de parler de, ou d'étudier, ce qui vous tient réellement à cœur. Mais lorsque c'est le seul lieu où vous pouvez formaliser votre pensée, lorsque c'est la contrainte que vous vous êtes donnée pour ne pas vivre comme un légume et finir comme Ruth Fischer ou Desesperate housewives, c'est important.

C'est peut-être pathétique, mais c'est comme ça.
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